La présence des Corses dans l’administration française constitue un long processus qui a réellement débuté à l’époque de Louis Napoléon Bonaparte, et cette présence s’est confirmée durant la Troisième République. Les insulaires représentent la population française de métropole la plus mobile ; leurs départs massifs vers l’extérieur évoque une tradition qui s’est organisée durant l’époque coloniale. Les colonies françaises en Afrique du Nord comptent un nombre important de Corses, qui a atteint 150,000 (100,000 en Algérie, 30,000 en Tunisie, et 20,000 au Maroc) durant l’époque coloniale, selon les estimations. Les populations originaires de l’île se sont regroupées en communauté, formant des associations régionales et des amicales de fonctionnaires dans les différentes villes du Maghreb. Elles exerçaient des métiers différents et occupaient des fonctions sensibles dans l’administration coloniale, notamment dans l’armée, la douane et la police. Cette situation avantageuse leur permit de s’organiseren un vaste réseau et d’exercer une influence sur les hauts responsables de l’administration coloniale. Les insulaires ont contribué à moderniser les services publics des pays colonisés à travers la transmission des savoirs et des techniques de travail. Selon des études historiques et anthropologiques, le Corse possède un caractère un peu agressif car il aime les armes, le commandement et surtout les métiers de la police et de l’armée, ce qui constitue un véritable héritage de savoir-faire et de nouvelles mœurs pour les autochtones (Tunisiens, Algériens, Marocains). Enfin, les Corses ont constitué un groupe fonctionnel servant les intérêts coloniaux français à travers l’administration coloniale. Ainsi, l’espace Maghrébin s’est transformé en un cadre historique exceptionnel d’échanges culturels, mais aussi d’acculturation imposée à travers les Corses dans le cadre colonial. Dans ce contexte, cet article évoque les thématiques suivantes : 1) Le processus d’intégration des Corses dans les colonies françaises en Afrique du Nord à l’époque colonial française. 2) La communauté corse : une solidarité sociale et un groupe de pression politique.
Mots clés : Afrique du Nord ; Corses ; fonctionnaires ; acculturation ; associations ; groupe de pression.
Tarek Bedhiafi (Bedhiouf) est chercheur en histoire du monde contemporain. Il a obtenu son doctorat de l’Université de Tunis en 2015. Spécialiste en histoire des institutions politiques. Ses études portent sur les services de sécurité publique à l’époque coloniale française. En 2017, il a publié sa thèse intitulée « La surveillance politique en Tunisie : le cas des services secrets ». Son projet de recherche se poursuit à travers la publication de l’étude intitulée « La politique de l’administration coloniale et l’héritage de violence et de corruption en Tunisie » en 2022. Nombreuses sont ses communications dans le cadre de colloques nationaux et internationaux, tout comme ses articles parus dans des revues indexées, et traitant de thèmes variés, notamment la biographie ainsi que l’histoire régionale et communautaire.
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