سلسلة أوراق العمل

Depuis 1967, l’événement de l’expulsion des Palestiniens par les sionistes en 1948 fait l’objet d’une révision par l’historiographie française. Les récits conflictuels de cet épisode historique, qui affirment ou, au contraire, nient la responsabilité sioniste dans l'expulsion, s'inscrivent dans une guerre mémorielle et juridico-politique entre Palestiniens et Sionistes/Israéliens autour de la reconnaissance des droits des réfugiés palestiniens de 1948. En France, des historiens, des intellectuels et des journalistes donnent voix à la version palestinienne de l’histoire face à la version sioniste/israélienne. Ils adoptent des approches de rééquilibre testimonial variées qui, simultanément, tiennent compte de la réception française de la question palestinienne. L’objectif de cet article de montrer l’évolution des marges d’expression de ces voix ainsi que les modalités, intellectuelles et éditoriales, du renforcement d’une parole subalterne en France. Le découpage temporel du corpus, couvrant presque quatre décennies, se fonde sur l’existence de tendances de pensée collectives au sujet des Palestiniens, qui témoignent d’une cohérence entre la production historique et l’ambiance politique et populaire dominante de chaque décennie. Pour retracer cette évolution épistémique, l’article adopte les méthodes d’une archéologie du savoir et d’une poétique de l’historiographie. Il examine les continuités et les ruptures dans les pratiques discursives, intriquées entre des réseaux intellectuels, des institutions et des politiques éditoriales qui sont à l’œuvre dans le (re-)façonnement de l’espace d’expression du point de vue palestinien.  En montrant les scansions de ces cinq décennies, ce bilan montre que la production historiographique en France est ouverte à la reconfiguration des cercles intellectuels mais qu’elle développe des approches variées pour répondre aux enjeux mémoriels et juridico-politiques de l’écriture et la révision des récits historiques.

Mots-clés : Historiographie – France – récits palestiniens – Expulsion de 1948 – Evolution – rééquilibre épistémique.