Le fonctionnement de la justice française au cours des années qui ont précédé l’indépendance de la Tunisie fait office de parent pauvre. La plupart des travaux consacrés au mouvement national font passer au premier plan l’action politique. L’objectif de ce travail est d’analyser, à travers les dossiers de recours en grâce des condamnés à mort jugés par les tribunaux militaires entre 1952 et 1954, le rapport qui existait entre les autorités judiciaires et le pouvoir politique. Nous essayerons également de démontrer que la politique mémorielle mise en place après l’indépendance était volontairement sélective.Contrairement à l’Algérie, où le maquisard incarne le nationalisme et occupe une place de choix dans le discours nationaliste postcolonial, en Tunisie la figure du résistant était occultée du récit national.
Mots-clés : Peine de mort, tribunaux militaires, justice coloniale, décolonisation, Tunisie, Fellagha, mémoire coloniale.
Hend Guirat, enseignante-chercheuse à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis. En juillet 2014, elle a soutenu à l’EHESS une thèse de doctorat intitulée « La peine de mort en Tunisie sous le protectorat. Les condamnations prononcées par la justice pénale française (1883-1955)», sous la codirection d’Ali Noureddine (Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Sousse) et de François Georgeon (Écoles des Hautes Études en Sciences Sociales- Paris). Ses travaux de recherche portent principalement sur l’histoire du crime et des institutions judiciaires en Tunisie à l’époque coloniale.
* Le droit d'auteur de cette œuvre appartient à l'auteure.